Ce jour là, je ne savais pas que j'allais faire alliance avec la montagne.
Il fallait aider mon chéri à déblayer la terre devant la porte-fenêtre. À travers la vitre, la montagne se dressait à la verticale, intimidante. Franchement, aucune envie de piocher là-dedans. J’avais mille choses à faire, des communications à préparer pour la sortie de mon livre. J’ai repoussé le moment tant que j’ai pu. Mais cette fois, plus d’excuses : je ne pouvais pas le laisser tout faire.
Qu’allait-on faire de toutes ces brouettes de terre et de cailloux ?
Il fallait bien les évacuer, sans se blesser sur les pierres coupantes. La brouette gémissait sous le poids. Et moi, je râlais intérieurement : Mais pourquoi j’ai accepté ça ? La brouette me tirait dans la pente comme un rhinocéros... Je vais me caaasser la gu.... !
Et pourtant, malgré tous nos efforts, le trou creusé semble à peine entamé. Sur la dalle, le tas extrait parait dérisoire.
— Allez, cinq brouettes, on les tamise, dit-il. Comme ça, on pourra réutiliser la terre et aplanir le terrain.
Alors, sous le soleil, à deux, on s’est mis à l’œuvre. Pelle après pelle, la terre passait à travers le tamis. Les oiseaux, impassibles, continuaient de chanter autour de nous.
Moi devant le tamis...
Je ne suis pas certaine que ça suffira à lisser ce terrain bosselé, rempli de terriers. Mais je dépose la terre tamisée au pied du groseillier et des cassissiers. Le soleil me réchauffe, et à force de désherber, de soigner les plantes, je sens mon cœur pétiller.
Mon chéri me rejoint et me tend la main. Il me relève et regarde l'étendue d'herbe piquée de jaune, de rose et du blanc des fleurs de printemps.
— ça va être un plaisir de passer la tondeuse, maintenant ! Je vais combler les ornières du chemin avec les graviers. Les grosses pierres serviront à refaire l’escalier derrière la cuisine.
Le jardin embaume l’herbe fraîchement coupée. Les arbustes, nettoyés, ont le pied dégagé, nappé d’une belle terre vivante, pleine de promesses.
Comme quoi, trier peut faire peur, mais c’est souvent le premier pas vers la transformation : un déchet devient matière précieuse. Et parfois, une corvée devient rencontre. Avec la terre. Avec soi.
Je suis Cécile de Villemeur, amoureuse de la Nature et de l’Humain.
Je crois profondément qu’un monde heureux, florissant et solidaire est possible. Il commence par une reconnexion intelligente et sincère avec le Vivant.
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